Vase natal décor violettes
- 3-4-1900 (date de création d’après la plaque n° 431)
- Cristal incolore doublé rose, décor gravé à l’acide sur fond maté
- Signé : Val Saint-Lambert, sur la base
- Collection Alonso
- Vers 1900
- Encre de Chine et aquarelle sur papier calque
- 35,2 x 20,2 cm
- Seraing, cristallerie du Val Saint-Lambert
De nombreux vases de style Art nouveau créés au Val Saint-Lambert arborent un décor réalisé par la technique de la gravure à l’acide.
Seul l’acide fluorhydrique attaque les silicates du verre et par conséquent contribue à le graver. Selon la composition des bains, le verre est plus ou moins attaqué ou mâté. Avant de subir l’action de l’acide, les pièces sont enduites de cire ou de vernis protecteurs, souvent du bitume de Judée. Les motifs sont créés soit par enlèvement de la cire à l’aide de machines à guillocher ou à pantographier, soit par impression d’une réserve de cire par décalcomanie sur le verre graver.
L’acide attaque les parties vierges de cire : les pièces sont plongées une ou plusieurs fois dans des bains d’acide durant des laps de temps variables selon les différents paramètres et nécessités requis. Après la gravure, la cire est éliminée par lavage.
Dans le cas de la gravure chimique par impression, les motifs sont préalablement gravés à l’acide sur des plaques d’acier. Ensuite, les creux sont remplis d’un mélange de bitume de Judée et de cire. A l’aide d’une spatule, l’ouvrier enlève l’excédent de matière, applique un papier de transfert sur la plaque puis un carton et passe l’ensemble sous une presse. Les motifs d’enduit s’accrochent sur le papier de transfert apposé sur le cristal ou le verre à graver. Les réserves de bitume préservent les motifs destinés à ne pas subir la morsure de l’acide. Les parties dénudées seront attaquées.
Cette technique est la plupart du temps appliquée sur des pièces doublées : la couche inférieure étant généralement en cristal clair tandis que la couche supérieure est colorée. Les décors sont gravés à l’acide et disposés sur un fond habituellement maté ou gravé d’un arrière plan tapisserie. Le même motif se retrouve parfois utilisé sur différents modèles, pour plusieurs usages et dans plusieurs coloris.
Le procédé de la gravure à l’acide fluorhydrique est découvert en 1670, par Schwanhard, un artiste de Nuremberg et est utilisé en France seulement après 1855.
C’est à la fin des années 1860, les premiers essais de gravure à l’acide sont réalisés au Val Saint-Lambert. Vingt ans plus tard, cette technique se développe et supplante progressivement la gravure à la roue grâce au coût moindre de fabrication de ces produits ayant un certain cachet artistique. De 1895 à 1897, l’esthétique Art nouveau apparaît progressivement mais décore uniquement, sauf exception, les articles courants. C’est véritablement à partir de 1898 que les motifs Art nouveau arrivent en force sur les vases gravés à l’acide. Les motifs Art nouveau conçus entre 1898 et 1901 sont très nombreux et essentiellement floraux. De nombreuses verreries françaises, dont la cristallerie de Baccarat, des frères Daum et d’Emile Gallé, emploient également la gravure à l’acide à cette même époque. Technique en perte de vitesse jusqu’à son abandon à la fin des années 1930, la gravure à l’acide sera remplacée progressivement par la gravure par jet de sable, plus inoffensive.
Anne Pluymaekers
Historienne de l’art et archéologue de formation, Anne Pluymaekers dirige actuellement le pôle Culture du Cerfav (Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers) à Vannes-le-Châtel (France). Précédemment, elle fut conservatrice du Musée de la Céramique d’Andenne et du Musée du Verre de Charleroi. Auteure de plusieurs publications relatives aux cristalleries du Val Saint-Lambert, elle se passionne pour l’art verrier dont elle a fait sa spécialisation depuis près de 20 ans.