Antonio Alonso, diplomate érudit de nationalité espagnole établi a Bruxelles, homme de caractère trempé, l’œil vif mais réservé, l’oreille toujours à l’écoute et jamais un mot de trop portait en lui un immense goût raffiné et éclectique pour la beauté des objets, les cristaux en l’occurrence.

Entrer dans son Sésame de formes et de couleurs éblouissantes et mystérieuses, c’était comme entrer avec pudeur en religion pour le néophyte que j’étais en matières de cristaux : découvrir des époques lointaines et plus présentes d’un art de vivre dans l’esthétique, de l’utilitaire au quotidien à l’objet de décoration ciselé jusqu’à l’objet d’art tout simplement.

Vrai ou faux, la légende de cette extraordinaire collection de cristaux commence à Bruxelles lorsque Rosario, son épouse, achète au Gand Sablon, haut lieu des antiquaires et brocanteurs, un vase en cristal comme cadeau de Noël pour sa propre mère. Antonio trouve la pièce vraiment jolie et lui demande de trouver discrètement un autre objet à offrir. Pour Antonio c’est le début de ce qu’allait devenir une passion : collecter des objets en verre, pâte de verre ou cristal dans son pays d’adoption, la Belgique avec sa tradition centenaire de maîtrise de leur fabrication.

Voilà Antonio qui part, par tous les temps chaque weekend, sur le chemin de la découverte des antiquaires et brocanteurs a Hasselt, Tongres, la Porte de Clignancourt ou Porto Bello ou ils présentent « leur marchandise » car en ce temps-là, il faut l’avouer « les verres » n’avaient pas toujours la cote comme aujourd’hui et se vendaient souvent avec difficulté.

C’est là que l’œil du collectionneur a la chance de pouvoir faire le tri entre le vrai et le faux, le beau et le laid, l’esthétique sublime et le rebut.

Composer une collection prend du temps, beaucoup de temps, l’œil de l’esthète aguerri, la recherche dans les archives historiques des grandes verreries en Europe, la classification selon les époques et les règles strictes de cet artisanat magnifique des souffleurs de verres.

Le pèlerinage de Bruxelles à Paris, à Barcelone, à Munich, à Vienne ou Glasgow a l’affût de l’objet influencé par l’architecture de Henri Van de Velde, Horta, Charles Machintoch, Antonio Gaudí, de Hector Guimard à August Endel et Joseph Marion Olbrich, de Walter Gropius et Franck Lloyd Wright.

Jugendstil, Modernismo, Art Nouveau tel fut la quête « du beau » d’Antonio Alonso, la réalisation d’une passion concrétisée dans cette collection « Les cristaux de Antonio Alonso », l’œuvre de toute une vie.